Abedi, 17 ans, allait chercher de l'eau lorsque des soldats l'ont frappée et violée : "J'ai 17 ans et plus personne ne voudra de moi. Mon fils né du viol a 11 mois et je suis toute seule pour l'élever". Abedi affirme, avec colère, qu'elle a demandé pardon à sa famille, mais que ses proches ne veulent plus la voir, ni entendre parler d'elle. République Démocratique du Congo, février 2004.
Nema (23 ans) et sa fille Furha (11 ans) ont été enlevées et violées par les militaires qui gardent l'aéroport de Goma en janvier 2004. «Ils sont venus de nuit à la maison. Ils ont battu mes deux garçons et nous ont emmenées à pied. Ils m'ont violée moi, puis ma fille». Avec le soutien de l'association MAODE, Nema a osé porter plainte auprès de l'armée. Les deux soldats auraient été punis. République Démocratique du Congo, février 2004.
Marie-Jeanne, 22 ans : « Des miliciens congolais m'ont capturée chez moi. Ils m'ont gardée dans la forêt du 12 septembre au 14 novembre 2003. Nous étions utilisées pour des relations sexuelles insupportables. Les soldats nous ont finalement laissées parce que nous étions trop faibles pour les suivre. De retour chez moi, ma belle-famille et mon mari m'ont dit que je n'étais plus à considérer et tout le village se moquait de moi." République Démocratique du Congo, février 2004.
Hélène, 42 ans. « Le 7 aout 2000, des soldats du RDC-Goma* ont arrêté le convoi dans lequel je me trouvais entre Goma et Butempo**. Ils frappaient les hommes et volaient la marchandise. Ils ont ensuite utilisé les femmes pour transporter leur butin dans la forêt. Ils m'ont gardée plusieurs jours. Je ne sais plus combien d'hommes m'ont violée... ». Aujourd'hui, Hélène est responsable d'une maisons-refuge de l'association MAODE qui soutien et héberge les femmes victimes de violences sexuelles. *Rebelles congolais soutenus par le Rwanda. **Ville du nord Kivu proche du Burundi .
Deux femmes victimes de viol dans le refuge de l'association MAODE. 28 femmes et une dizaine d'enfants se partagent deux baraques en bois dans le quartier de Birere, vaste bidonville, sans eau, ni électricité, en périphérie de Goma. République Démocratique du Congo, février 2004.
Une des maisons-refuges de l'association Maode dans la banlieue de Goma. Grâce aux cotisations (3 $ par mois) d'une trentaine d'adhérents, l'association assurent les loyers de deux maison-refuges. 28 femmes et une dizaine d'enfants se partagent ces deux baraques en bois dans le quartier de Birere, vaste bidonville, sans eau, ni électricité, en périphérie de Goma. République Démocratique du Congo, février 2004.
Faubourg de Birere à Goma. Le refuge pour femmes victime de viol se trouve dans le faubourg de Bireré à quelques kilomètres de la frontière Rwandaise. Cette situation fait de ce quartier un endroit dangereux car les bandes armées opèrent de préférence dans les zones frontalières. République Démocratique du Congo, février 2004.
28 femmes vivent avec leurs enfants dans les refuges pour femmes violées de l'association MAODE. Certains d'entre eux, nés des viols, sont séropositifs. L'association assure aussi les frais de scolarité des ces enfants. République Démocratique du Congo, février 2004.
Une femme de l'association d'aide au victimes de viol (MAODE) rend visite à une femme violée contaminée par le VIH. L'association n'a pas les moyens d'acheter des médicaments contre les affections liées au VIH et se contente d'un soutien moral aux malades. République Démocratique du Congo, février 2004.
Affiches dans le local de l'association. On peut y lire : "abstinence, fidelité, préservatifs." ou "Femmes, pour éviter d'être violées, évitez les endroits dangereux." République Démocratique du Congo, février 2004.
Marie-Donatienne a créé l'association MAODE il y a quatre ans. En avril 2003, elle aussi a été violée par des miliciens Interahamwes devant son mari et ses deux enfants. D'après les estimations d'Human Right Watch, 10 000 femmes et fillettes auraient été violées par les combattants des différentes factions. Actuellement, l'association vient en aide à 197 femmes, en développant, grâce à des micro-crédits, différents petits commerces et en exploitant des champs communautaires. République Démocratique du Congo, février 2004.
Une jeune femme apprend à utiliser un préservatif durant une réunion d'information organisée par MAODE sur la transmission du virus du SIDA, . Les experts estiment que 15% de la population de Goma sont contaminés. En 2001, plus d'1,3 million de personnes, selon l'OMS, vivaient avec le VIH en RDC. République Démocratique du Congo, février 2004.
Chanceline, 20 ans et Janvier, 24 ans, préparaient leur noce, lorsque des soldats ont encerclé la maison, exigeant qu’on leur livre la mariée. Durant deux semaines, la jeune femme est restée prisonnière des soldats, qui la violaient tous les jours. Chanceline et Janvier sont aujourd’hui mariés et ont une petite fille de 11 mois. Janvier est membre de l’association. Il milite pour que les autres hommes ne répudient plus leurs épouses. République Démocratique du Congo, février 2004.
CONGO, une guerre contre les femmes /
Thomas Hofnung - Libération
C'est une guerre dans la guerre qui ravage l'est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis 1998. Une guerre faite aux femmes, mais aussi aux fillettes de 4 ans ou aux grands-mères de 80 ans.
Selon un rapport de Human Rights Watch, l'association de défense des droits de l'homme, plus de 10 000 d'entre elles auraient subi des violences sexuelles entre 1998 et 2002, date de la fin officielle des combats. Le viol y a été utilisé de manière systématique comme une arme de guerre par toutes les parties au conflit. Une arme qui visait à terroriser la population, à la casser psychologiquement pour mieux la soumettre. Aujourd'hui encore, les femmes qui assurent la survie de leur famille en se rendant aux champs ou au marché pour vendre leurs produits s'exposent aux violences sexuelles des bandes armées, voire à celles des policiers qui agissent en toute impunité. (...)
CONGO, a war against women /
Thomas Hofnung - Libération
It’s a war in the war that devastates the East of the Democratic Republic of Congo since 1998. A war against women, a war against young girls and old women. According to Human Rights Watch, more than 10,000 women and girls have been raped by the fighters between 1998 and 2002, official date of the conflict end.
Rape was used as a weapon in a systematic way by all the sides. Soldiers of several militia looted villages and raped the local woman and young girls to terrorize and subjugate the population. Today, the former warlords are sharing the power in Kinshasa and the armed conflict has cooled down. But in the Kivu district, the soldiers did not change their habits: women are daily victims of rape by militia or policemen with impunity. According to the U.S. Institute for Peace, more than 60 percent of the fighters are HIV-positive and many of their victims are now contaminated as well as the children born from the rape. (...)